Klaus Hersche, Atelier de Gestes

Postfrontières, projet imaginé par le metteur en scène Klaus Hersche, se veut un clin d'oeil au caractère artificiel de toute démarcation frontalière. En dressant une limite là où on ne s'y attend pas, il tente de sensibiliser le citoyen à l'arbitraire et à l'absurdité de n'importe quelle frontière. De nos jours, les anciennes frontières, limites entre deux territoires nationaux, marqués par leurs emblèmes de souveraineté et une soigneuse mise en scène, sont en train de tomber partout en Europe occidentale. Tôt ou tard, elles disparaîtront aussi entre la Suisse et ses voisins.

Pour l'aspect théâtral et spectaculaire du projet Postfrontières, Klaus Hersche a recours à une forme de démarcation un peu obsolète qui, bientôt, fera partie de l'Histoire : le poste-frontière.

Ce poste-frontière est une construction tout à fait réaliste que gardent des douaniers en uniforme ; des drapeaux des différents territoires flottent aux mats ; une signalisation routière et des informations concernant les différents espaces séparés par la frontière confèrent crédibilité et véracité à l'ensemble. 

Du 3 au 6 février 1998, le poste-frontière est placé tour à tour en quatre lieux. L'action se déroule selon une progression.

Le premier endroit choisi marque la frontière entre deux communes : Fribourg et Marly (3 février, pont de Pérolles).

Le second poste est installé à une limite historique, entre deux territoires autrefois distincts : le comté de Gruyère et Fribourg, aujourd'hui distincts d'un même canton : Gruyère et Sarine (4 févirer, lieu-dit Le Pratzey). Le troisième emplacement est situé à la frontière linguistique entre la partie francophone et la partie alémanique de la Suisse (5 février, sortie de Fribourg direction Tavel).

"Le passeport est la partie la plus noble de l'homme. D'ailleurs, un passeport ne se fabrique pas aussi simplement qu'un homme. Et pourtant on pourrait soutenir qu'à certains égards l'homme est indispensable au passeport. Le passeport est essentiel : devant lui : chapeau ! mais sans un homme qui aille avec, pas de passeport possible, ou, en tout cas, il lui manquerait quelque chose."
B. Brecht, Dialogues d'exilés
Ce texte figure au dos des passeports remis aux personnes qui traversent la frontière du 3 au 6 février 1998.